β - Appartement.

Alexander le laissa faire même si ça ne faisait qu'empirer les choses. Il laissa tomber sa tête contre celle de Tim et ferma les yeux se mordant la lèvre jusqu'au sang.
-Je dois partir.
Tout ce qu'il voulait c'était s'enfuir, il n'avait rien à faire ici et il le savait.

Tim.
Je sens mon coeur se serrer lorsqu'il dit ça. Ma main amplifie ses caresses dans ses cheveux, l'autre passe sur sa lèvre qu'il mord.
J'approche mes lèvres de son oreille timidement pour lui parler en chuchotant, n'ayant jamais eu cette situation à gérer. Si quelqu'un passait, on me prendrait vraiment pour un gosse...
- Alex...calme toi...
Je fais comme faisait Sean quand j'avais le cafard. Je lui pince doucement son menton pour lui faire relever la tête et le regarde dans les yeux d'un regard compatissant.
- Tu m'as dit que tu t'ennuyais seul...reste, s'il te plaît...

Alexander hocha la tête, le regardant, franchement bouleversé.
-Je m'ennuie tellement Tim, tu ne peux pas savoir mais je préfère mille fois m'ennuyer plutôt que de subir ça une seconde de plus.
De toute évidence, il ne tiendrait pas plus longtemps, il devait juste partir et ne rien faire qui puisse être réprimendable, ça avait été sa ligne de conduite toute sa vie. S'il venait à changer tout ce qu'il avait fait dans sa vie n'aurait plus de sens et l'une de ces choses devait absolument avoir un sens.

Tim.
Je lui caresse sa joue et l'écoute attentivement. En me creusant les méninges, je me souviens des phrases que me disait mon ancien copain, gardant ma voix douce, je les lui dit.
- Mais reste alors...et...profite de la vie ..! Tu es pas venu au monde pour t'ennuyer ! La vie est trop courte pour ça ! Personne ne peut t'en vouloir d'être heureux !
Je me mords l'intérieure de la joue, comprenant pas pourquoi il se met dans des états pareil pour le coup...

Alexander se releva, le poussant délicatement au passage.
-C'est bien ça le problème Tim. Des gens auxquels je tiens vont m'en vouloir d'être heureux comme je veux l'être ! Des gens que je déteste aussi.
Il soupira, Tim ne pouvait pas comprendre de toute façon, il perdait son temps.

Tim.
Je réprime une petite moue déçue, et le regarde dans les yeux.
- Ils doivent pas... On est dans un pays qui est libre !
Je serre les dents et m'efforce de garder la tête haute. Je ne flancherais pas ! Pas maintenant ! Je l'ai bien compris ça, quand on est au pied de la montagne, on l'escalade, on l'esquive pas !
Je mets la tête de côté.
- Tu ne peux rien faire pour y remédier...?

Alexander hocha la tête.
-Bien sûr que si je peux y faire quelque chose et c'était justement ce que je suis en train d'essayer de faire.
Il soupira.
-Je vais me retourner, marcher jusqu'à la porte, partir et ne plus jamais revenir.
Il commença d'ailleurs par se retourner, fixant la porte.

Tim.
Je serre les dents, mordant ma langue au passage, sans même m'en rendre compte. Je le regarde s'éloigner, ne sachant que faire. Le retenir ou le laisse partir ?
Je supplie le ciel de m'aider, Sean aurait su quoi faire lui...
Mon point se serre sous la nervosité, et l'impression d'abandon. C'est pas ce qu'il compte faire qui me dérange le plus, c'est surtout le mot "jamais" qui me fais mal. C'est au dernier moment que je cours vers lui et le serre dans mes bras comme un enfant.
- Part pas...m'abandonne pas...

Alexander culpabilisait déjà assez de le laisser pour qu'en plus il le prenne dans ses bras en le suppliant. Il ne voulait pas partir mais il n'avait pas d'autre choix.
-Je suis vraiment désolé Tim.
Il soupira, le forçant à le lâcher à contre-coeur, il fallait vraiment qu'il sorte d'ici avant d'être pris de compassion. Le pire c'est que ce n'était pas ce que Tim ressentait qui le retenait ici, c'était ce que lui ressentait.

Tim.
Je ne force pas plus, on me l'a dit et redit, un félin ne peut pas rester enfermé dans une cage indéfiniment. Il voudra tôt ou tard sortir.
Je recule, tête basse, puis part faire la vaisselle, m'occupant pour essayer de calmer mon angoisse d'être oublié. Liam l'a bien sentit, il est assit à mes pieds, pendant que je lave les assiettes.

Alexander soupira, se retournant vers Tim avec un regard franchement désolé. Ce qu'il faisait, il savait que c'était égoïste, et encore ce n'était même pas pour lui qu'il le faisait.
-Ne m'en veux pas, je n'ai pas d'autre choix.
Il ne voulait pas partir, pas laisser Tim mais s'il restait là, l avait l'impression qu'il faisait déjà un choix sur son orientation sexuelle.

Tim.
Je relève la tête, ne faisant pas vraiment attention à ce que je faisais. Sa voix me fait tourner la tête, le regardant dans les yeux. Je manque de faire tomber mon assiette, la repose et m'essuie les mains, revenant vers lui. T'es pathétique Tim !
- Je comprends...tu n'as pas à te justifier... Sache que la porte est toujours ouverte pour toi ! Quelque soit l'heure du jour ou de la nuit, tu n'as qu'à frapper !
Je ne sais même pas pourquoi je suis comme ça avec lui. Mais c'est plus fort que moi. Je sais que je devrais pas sauter sur le premier venu, mais je suis comme ça... J'ai peur d'être seul.

Alexander hocha simplement la tête, se mordant l'intérieur de la joue. Et puis finalement il prit une chaise et s'assit avant de partir, pensif. Il avait eu un semblant de petit copain ou au moins un très bon ami, il ne savait même pas comment qualifier ce qu'ils avaient vécu et puis il l'avait laissé pour sa vie parfaite, il avait pourtant été heureux avec lui et il se demandait s'il regrettait ce qu'il s'était passé ou s'il regrettait d'être parti.

Tim.
Je le regarde faire en silence, un peu rassurer qu'il reste, mais c'est pas pour autant que je retrouve mon sourire de tout à l'heure. Pas pour le moment, la vague d'émotion doit passé pour cela...
Je regarde ailleurs, puis termine la vaisselle, je l'essuie et fait une caresse sur la tête de Liam avant de revenir au brun qui semble préoccupé. Par quoi, je l'ignore totalement, même si ça m'intrigue dans le fond. Il semble mener comme une guerre contre lui même.

Alexander fronça les sourcils, n'arrivant à rien, tout ce qu'il savait c'est qu'il regrettait quelque chose, génial il était bien avancé. Et puis il y avait cette autre idée qui lui traverser la tête de juste faire ce qu'il voulait et ne le dire à personne mais il savait qu'il ne pouvait faire confiance à personne, que les secrets ne sont jamais gardés bien longtemps et surtout que Tim ne méritait pas d'être une "honte" pour lui.

Tim.
Le silence est plutôt lourd à mon goût, mais je ne dois pas le rompre, s'il est là, c'est qu'il y a une raison. J'ai limite envie de dire que s'il est comme ça, c'est sûrement le manque qui lui monte à la tête, mais n'étant pas dans sa tête, je peux rien dire là dessus, comme sur tout le reste d'ailleurs.
Je m'assois en face de lui sur ma chaise et croise les bras, me balançant dessus. Mais s'il est gay ou bi, en tout cas, d'après ce qu'il m'a fait comprendre tout à l'heure, il semble pas super bien le vivre...pourtant il n'y a pas de quoi se mettre dans des états pareils, s'il aime, qu'est ce que ça importe le genre ?

Alexander se releva, décidé à partir cette fois, de toute façon il était loin d'être amoureux, juste "attiré" alors pourquoi il se posait la question ? La décision était déjà prise, il allait partir mais hors de question de laisser seul Tim en même temps. Il s'approcha de lui et l'embrassa sur le front.
-Je reviendrai, en tant qu'ami.

Tim.
Je baisse les yeux, déçu quand même, faut l'avouer.
- D'accord...
Je regarde ailleurs mais me relève, le regardant dans les yeux.
- Avant que tu partes...dis moi...pourquoi tu t'enfermes dans ce cercle vicieux qui est de ne jamais être heureux...?
Je pense qu'il m'a déjà donner la réponse, mais tant pis, je veux en avoir le coeur net.

Alexander soupira, il lui devait au moins une réponse.
-Si je ne le fais pas, je décevrai des gens que j'aime et les décevoir me rendra encore plus triste. Tu as raison, c'est vraiment un cercle vicieux.
En fait il n'y avait qu'un bon choix, celui qui le gardait en vie et c'était celui-là.

Tim.
- Mais...c'est pas une vie...c'est pire qu'une secte que tu t'es construite pour toi tout seul...
Je serre les dents, ayant mal au crâne tant je serre fort.
- Tu ne peux pas en parler avec les individus concernés...?
Je lui dit ça, mais c'est plus par désespoir qu'autre chose. Des milliers de questions me traverse l'esprit, toute ont une connotation, celle de l'incompréhension. Pourquoi se faisait t-il autant de mal ?

Alexander soupira encore.
-Tu ne peux pas comprendre.
Il posa ses mains sur ses joues et les caressa, juste histoire qu'il arrête de serrer les dents comme ça.
-Faut que je passe ma langue entre tes jolies petites dents bien blanches pour que t'arrêtes de te faire mal ?
Il lui fit un léger sourire, c'était pas le moment de faire de l'humour mais ça le détendait un peu.

Tim.
Je détends mes mâchoires à son contacte, mais que de moitié, si je fais ça, c'est pour par pleurer surtout. Je veux pas céder, j'ai plus l'âge de grandir. Je me mords la lèvre nerveusement lorsqu'il parle de sa langue. Mon regard ne quittait pas le sien, malgré la tristesse, une lueur joueuse et provocatrice fit son apparition. J'avais envie de lui dire "mais va s'y, je t'en prit, passe ta langue partout ou tu le désires, je n'attends que ça Alex..." mais je préférais garder le silence. En même temps, un sourire au coin de mes lèvres se dessinait presque inconsciemment.

Alexander sourit plus franchement en le voyant sourire à son tour et lui caressa encore la joue, avant de se pencher à son oreille.
-Dans un autre monde, tu n'aurais pas desserré les dents et j'aurais saisi l'occasion.
Il le lâcha en souriant, il savait bien qu'il ne l'aurait pas fait mais l'espace d'une seconde il en avait franchement eu envie.

Tim.
Sa phrase fait tilt dans ma tête, c'était donc ça son livre fantastique ..? Dans un autre monde, il imagine sa vie qu'il aurait s'il ne se limitait pas à son travail et sa vie d'esclave, seul chez lui ?
Je relâche ma mâchoire et le serre dans mes bras sans vraiment le contrôler. Je sais pas réellement ce qu'il représente pour moi, mais c'est clair que la relation qu'il me propose est précieuse à mes yeux...
J'hésite à lui demander pour le livre. Je le serre fort dans mes bras, hésitant, puis me mets sur la pointe des pieds pour lui souffle à l'oreille.
- Dit moi...ton récit fantastique dont tu m'as parlé...c'est...
Je déglutis nerveusement.
- la vie que tu rêves d'avoir...?

Alexander le serra dans ses bras à son tour, fermant les yeux quand il entendit sa question. Il ne savait pas s'il devait être honteux ou non alors il soupira simplement, ému.
-Oui... C'est ma vie, comment elle aurait du être, sans ce travail qui m'ennuie, ces secrets qui me détruisent, cette obligation de me brider. C'est mon rêve...
Il caressa ses cheveux, se mordant la lèvre.
-Ce n'est pas fantastique parce qu'il y a des fées ou des pouvoirs, c'est fantastique parce que ça n'arrivera jamais dans ce monde.